Article de l’Echo des couëts du 20 mars 2020
» Petit point d’étape sur l’avancée du projet de la classe de seconde Bac Professionnel qui s’étale sur trois ans et qui a pour titre: «De Nantes aux Antilles : La gastronomie comme trait d’union culturel et historique.».
Ce projet est porté et conduit par Marie-Véronique Salaün, professeur de Lettres Histoire Géographie, de Laurent Morille, professeur de cuisine et Marie-Dominique Germette, animatrice en pastorale.La Coque Nomade nous accueillait le 31 janvier dernier, au cœur de l’hiver, au milieu de l’île de Nantes, à deux pas des Machines, et enfin les élèves pouvaient mettre des visages sur un partenariat créé pour ce projet un peu fou, celui d’aller sur les traces historiques de l’esclavage, jusqu’en Martinique. L’accueil fut chaleureux et les échanges très forts car d’entrée de jeu, Dieudonné Boutrin et Jean-Paul, figures incontournables de l’histoire de l’esclavage à Nantes, livraient aux élèves leur témoignage. Ils incarnent cette histoire. Tous deux martiniquais, il leur a fallu attendre d’arriver en France pour découvrir qu’ils étaient des descendants directs d’esclaves. «Nous,on nous a appris à l’école que nous étions descendants des gaulois…point barre…». C’est la colère qui s’empare d’eux dans un premier temps, car les pages de cette histoire sont honteuses et coupables; il faut découvrir cette histoire, comprendre et digérer. Très vite, ils ressentent l’urgence de transformer cette colère en énergie positive et non en vengeance. «Nous ne sommes pas responsables du passé, mais nous devons agir pour que demain soit meilleur».
Le bateau est le trait d’union de toute cette tragédie. Alors va naître cette idée d’un bateau pédagogique, un musée ambulant à taille réelle, qui sillonnera les villes de France. «La Coque Nomade» est un projet de sensibilisation qui rend «palpable» l’histoire de la Traite négrière transatlantique. Savant assemblage de «containers», démontables, il dénoncera aussi les nouveaux esclavages nés de la mondialisation folle. In Fine ce projet a la grande ambition de défendre les Droits de l’Homme. Le travail de Devoir de Mémoire aide l’humanité à construire des sociétés plus justes. En s’inscrivant dans cette dynamique, le projet de la classe de seconde sort des référentiels d’histoire pour rejoindre le désir profond de chacun qu’on peut nommer la liberté.Il sort aussi du «cadre»pour aller explorer la culture antillaise et découvrir ainsi les passerelles culinaires qui nous relient à cette histoire de l’esclavage. Ainsi, à leur tour, les élèves ont invité les membres de la Coque Nomade, avec Sandra, et ensemble, ils ont appris à réaliser des accras, plat emblématique des Antilles. Ce moment de partage simple et convivial a permis aux élèves d’aborder ce Devoir de Mémoire à travers la pratique professionnelle : la cuisine rassemble et transcrit l’histoire. »