La pratique de l’Histoire publique est récente. Votre master à Nantes n’existe d’ailleurs que depuis deux ans. Pouvez-vous présenter cette jeune pratique de l’Histoire ?
Felana et Pauline : L’histoire publique consiste en la diffusion publique de connaissances. Face aux désinformations et instrumentalisations de l’histoire, le monde de la recherche historique a le devoir de s’emparer de la sphère publique pour diffuser leurs connaissances, des informations scientifiquement fondées. L’histoire publique c’est aussi adapter l’histoire au public et de manière ludique pour que tout le monde puisse le comprendre.
Votre projet accompagne l’édification d’un mât. Porte-t-il une symbolique particulière ?
Le mât symbolisera les inégalités sociales. Sa construction a été initiée par l’association la Coque Nomade Fraternité. Il évoque le passé colonial de Nantes, transformé en un symbole de lutte contre les discriminations, la guerre, les injustices. Le mât sera édifié sur l’île, à proximité du local de l’association, entre la cale et le carrousel des mondes marins. On doit préciser que lorsque notre exposition aura lieu, les 26, 27 et 28 avril, le mât sera encore en construction. Il serait inauguré en octobre 2024. L’exposition fonctionnera donc sans son sujet, mais restera pertinente.
Comment votre projet fraternité s’est-il construit ?
Au début, on voulait partir dans tous les sens, organiser un événement grandiose. On a questionné la notion de fraternité, procédé à des recherches. Dans la préparation de notre événement, on a souhaité apporté de l’art, une esthétique attrayante et toujours en lien avec le public. Notre objectif principal est de toucher largement, en apportant une exposition ludique et accessible.
Quels regards d’historienne posez-vous sur la notion de « fraternité » ?
Elle a eu des débuts difficiles lors de son apparition avec la Révolution française, où dans une période mouvementée, elle n’a pas trouvé d’application politique. Sa reconnaissance est lente jusqu’en 1848. La fraternité pose un principe d’égalité mais a dès ses débuts exclue beaucoup de personnes : les femmes, les personnes de couleurs. Aujourd’hui, la notion pose la question des personnes concernées et de sa différence avec la solidarité.
Le débat public, les médias et les politiques semblent moins parler de fraternité. Selon vous, quelle place occupe-t-elle aujourd’hui ?
On pourrait désigner deux camps : les personnes attachées à cette notion comme une part de l’identité française et de la République française, comprise dans la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » ; une plus jeune génération qui entend la fraternité comme une notion ancienne, dépassée par des notions comme la sororité, l’adelphité.
Comment envisagez-vous capter l’attention avec votre exposition ?
On souhaite organiser un événement ludique. On essaiera de capter le regard du public par la scénographie, l’inclure en lui proposant de participer. On veut plus que des panneaux et du texte. On tente de sensibiliser en donnant des clés de compréhension, une base à partir de laquelle le public construira ses propres avis. Notre objectif est de rendre léger la notion de fraternité.
PRATIQUE :
Entrée libre. Jusqu’au 15 septembre au Pavillon de la Fraternité parc des chantiers 44100 Nantes.